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Céline Sergent, l’élevage de porcs chevillé au corps

Entreprises

Céline Sergent, l’élevage de porcs chevillé au corps

Plus jeune éleveuse de porcs du département, le travail ne lui fait pas peur. En étant franche, rigoureuse
et honnête, elle a su trouver sa place dans l’agriculture.

Céline SergentW

Elle a la poignée de main franche et directe d’une femme qui sait ce qu’elle veut. Depuis 8 ans, Céline Sergent élève des porcs aux Bordes, près d’Antran.

Petite-fille d’agriculteur, fille d’éleveur de porcs (basé à la Grimaudière), au départ, elle ne se voyait pas intégrer ce milieu. Ne trouvant pas son compte sur les bancs de l’école, elle part travailler sur La Rochelle dans une entreprise d’agro-alimentaire. Elle devient responsable de ligne, gérant la fabrication d’un produit, de sa préparation, en passant par le four, jusqu’à son entrée dans le congélateur et managait 20 à 40 personnes. « Dix ans plus tard, j’avais fait le tour du métier. L’élevage de porcs ne m’avait jamais gêné, mais le côté aléatoire du volet financier me freinait, c’est finalement l’amour de l’animal qui a gagné. » Le déclic est venu un 1er janvier alors qu’elle accompagne son père pour lui donner un coup de main.

Elle passe son certificat de spécialisation et rachète avec ses parents l’élevage des Bordes, les propriétaires partant à la retraite. Elle s’installe en 2008, en étant à la tête d’un élevage de 300 porcs et devient naisseur, engraisseur et multiplicateur (les truies sont vendues à d’autres élevages pour devenir reproductrices). 7 500 porcs sortent chaque année du site. « Je gère toute la partie technique de l’exploitation, quel type d’alimentation, la génétique … » Deux salariés travaillent avec elle sur le site. « L’élevage se fait dans un esprit convivial, mais quand je m’absente ça tourne sans souci. » Depuis un an, elle forme Alexandre. « Le plus important est que l’animal soit en confiance avec l’humain, de là tout en découle. »

Si de nouvelles salles ont été construites en 2008, les prochains investissements seraient sur la maternité et la salle d’engraissement. « L’agriculture évolue. Les bâtiments actuels sont plus écologiques, moins énergivores, tout en alliant bien-être animal et sécurité sanitaire. » Un environnement propre et confortable, c’est autant de bactéries qui ne pénètrent pas dans l’élevage. « Il y a encore beaucoup de clichés sur les élevages porcins. »

Elle travaille avec la coopérative Cooperl Arc Atlantique. « Nous avons nos propres outils de transformation dans une logique de filière. » Les animaux sont abattus à Saint-Maixent, emballés sur place ou partent à la transformation (rôti, jambon blanc, pâté, saucisson …). Même si 80 % de la production part pour les grandes surfaces, le groupe s’est engagé dans la réinstallation de boucheries dans les grandes villes.

Outre l’utilisation d’aliments sans OGM, depuis deux ans, Céline Sergent est entrée dans une démarche « porc sans antibiotique ». « Ils étaient uniquement donnés lors des 15 premiers jours de sevrage, pour limiter les problèmes digestifs. A la place, tout un travail pour diminuer le stress du porcelet a été mis en place. »

Aller vers l’extérieur

C’est en s’impliquant dans l’organisation de la Fête de la Terre qu’elle rejoint les Jeunes agriculteurs en 2009 et devient la secrétaire générale de la Vienne en 2012. Depuis deux ans, elle est également présidente de l’association de promotion à l’installation. Ces dernières semaines, elle était présente dans les cortèges d’agriculteurs qui manifestaient sur Poitiers. « Il y a distorsion de concurrence et aujourd’hui, toutes les productions sont touchées. Si le consommateur souhaite nous soutenir, qu’il fasse attention au logo “Produit et transformé en France“. Et ce n’est pas parce que c’est Français, que c’est plus cher. Si tout le monde emprunte un petit bout de ce chemin, nous avancerons. » Elle veut croire à des évolutions. « Je reste optimiste. J’aime jouer franc jeu, la rigueur et l’honnêteté. J’ai fait un choix de vie. Même si je souhaite continuer, il y a de plus en plus d’incertitudes qui entravent notre chemin. » Elle le reconnaît, heureusement qu’elle a un conjoint qui travaille à l’extérieur. « Nous réfléchissons à l’impact économique de chacunes de nos décisions. Nous sommes des chefs d’entreprise. Parfois, on me demande mon métier, je dis éleveur (je n’aime pas ce mot au féminin), et on me répond : Avec votre mari ? Non, il y aussi des femmes qui gèrent leur exploitation ! » A côté, elle se ménage du temps pour sa famille, ses trois enfants. « Dans l’agriculture, si je n’allais pas à l’extérieur, je resterais en vase clos et j’aime le contact humain et les weekends qui bougent. »

Mathilde Wojylac

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