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Industrie en Vienne : « Il faut se battre pour redémarrer »

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Industrie en Vienne : « Il faut se battre pour redémarrer »

Le président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie en Vienne revient sur la situation des entreprises face à la crise.

Selon l’enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France pour la Nouvelle-Aquitaine, les fermetures, plus étendues en avril, accentuent la contraction de la production industrielle. Les segments de l’aéronautique, des équipements électriques/électroniques comme les fournisseurs du bâtiment restent les plus affectés. Les carnets s’amenuisent. Les industriels anticipent le rebond de la production après le 11 mai, sans espérer retrouver complètement, toutefois, les niveaux habituels d’utilisation des chaînes de production. Pour corroborer cette situation, Philippe Jehanno, président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie en Vienne et directeur de Techman-Head revient sur la situation des entreprises.

Comment ont réagi les entreprises industrielles face à la crise ? 

Sur les deux premiers mois de 2020, la croissance de l’activité industrielle était bonne, les entreprises embauchaient et investissaient, les carnets de commandes étaient plein. La demande était forte. Pour protéger la santé des Français, mi-mars, le Gouvernement a décidé de mettre en place le confinement. Dans toutes les entreprises industrielles, la mise en place des gestes barrière a posé plusieurs difficultés et a été un frein à l’activité. Plusieurs d’entre-elles ont dû fermer faute d’espace suffisant dans les ateliers ou devant repenser entièrement leur organisation. Pour autant, de nombreux services sont passés au télétravail. Il y a eu un choc, il fallait réagir. Nous n’étions pas préparés, mais finalement ça c’est fait, pour le bien de tous. Les carnets de commandes ont été immédiatement impactés. Les entreprises se sont adaptées, ont amélioré leur organisation. Malgré tout, pour les entreprises encore actives, il y a eu une baisse de l’activité par manque de composants, de matériel ou tout simplement fermeture de leurs clients. Avec le déconfinement, le 11 mai,  l’activité reprend. Elles réintègrent progressivement des salariés en télétravail, organisent des roulements … Pour nous guider, le ministère a édité des protocoles.

Comment se portent les entreprises aujourd’hui ? 

L’activité redémarre doucement. Les stocks ont peu diminué par contre, la demande s’est effondrée, de près de 80 % sur les derniers jours de mars. Globalement, les entreprises ont produit 50 % du volume habituel de production pendant le confinement. Les carnets de commandes ont diminué, d’environ 40 % selon la Banque de France. Pour amortir le choc, l’activité partielle a été une aide précieuse. Désormais, il faut donner de la souplesse à cette mesure pour continuer à préserver les emplois tout en s’adaptant à l’activité. Tout cela va évoluer pour accompagner la reprise et reprendre un rythme plus “standard”. Notre première préoccupation reste d’éviter les licenciements et conserver les compétences, de l’autre nous devons adapter les effectifs à la charge de travail. Aujourd’hui, l’offre est bien supérieure à la demande. Selon les secteurs, la reprise sera plus ou moins rapide. 

Concernant l’aéronautique, quelle est la situation des sociétés de la Vienne ? 

La demande a fortement baissé. Le redémarrage est lent. La suite va dépendre des transports intra-européens, du comportement des clients, de la baisse d’activité des compagnies … Airbus indique déjà une chute de l’ordre de 30 % et des livraisons suspendues. Certaines compagnies aériennes ont annulé leurs options d’achat. Et même au sein de ce secteur, la situation va aussi dépendre de la spécialité de l’entreprise : réparation, civil, militaire…

Qu’en est-il de la compétitivité des entreprises ? 

La compétitivité dépend, entre autres, de la productivité et des charges. C’est sûr, durant cette période, la productivité a chuté, mais la situation est mondiale. Après, je suis confiant, les entreprises sont capables de trouver un mode de fonctionnement qui intègre les gestes barrière, tout en préservant leur productivité. Notre priorité reste la protection de nos collaborateurs. Le coût de protection est certes un sujet, mais les salariés doivent se sentir en sécurité pour venir travailler. Il n’y aura pas de concession sur ce point. Ensuite, un des points clé sera, comme je l’ai dit, l’adaptation des charges de personnel à l’activité. 

Notre département ne fait pas exception par rapport au paysage national. 

En effet, globalement, sur l’industrie en Vienne, nous allons nous situer dans la moyenne nationale, après il faudra faire attention car notre tissu comporte de nombreuses PME concernées par l’aéronautique. Un plan national d’aides spécifiques à ce secteur est à l’étude. Il y aura forcément des diminutions du côté des investissements, les entreprises s’étant concentrées pour sauvegarder leur trésorerie. Les investissements non critiques notamment vont être repoussés. Le prêt garanti par l’Etat a été une aide. Mais, il faut s’attendre à des fermetures, toutes les entreprises ne vont pas résister, 2020 sera une année compliquée.

Est-ce une période qui a fait évoluer certaines pratiques ? 

Durant cette période, plusieurs protocoles et manifestes ont été signés entre l’UIMM et les organisations représentatives des collaborateurs et cela en bonne intelligence. Tous ensemble, notre objectif était de sauver les emplois. C’est un point positif. A l’intérieur même des entreprises, les liens se sont resserrés. Les équipes se sont mobilisées pour ne laisser personne au bord du chemin ou en difficulté. Le côté humain a primé. De nombreuses entreprises ont dû mettre en place le télétravail et de nouvelles pratiques. La digitalisation des entreprises reste un sujet central. Pour les nouvelles générations, le travail à distance fait déjà partie de leur univers, de leurs habitudes, il faudra l’intégrer. C’est un mouvement qui va encore s’accélérer.  

Des réflexions ont également été lancées pour relocaliser certaines activités.

Face à la crise, certaines entreprises ont réfléchi à une diversification. Plusieurs ont même enclenché la démarche. Sur la relocalisation, c’est un mouvement à plus long terme. Il faut le faire de façon raisonnable. Il y a un juste équilibre à trouver. Certaines relocalisations sont nécessaires, après, il ne fait pas en faire un dogme. Nous avons aussi besoin d’exporter.

Avez-vous un message aux entrepreneurs ?

Aujourd’hui, il faut se battre pour redémarrer. La compétitivité mondiale continue, mais les entreprises françaises trouveront des solutions et continueront de s’adapter. Il faut rester vigilants, mais aussi pro-actifs. Il faut pouvoir répondre à la demande et ne pas être en retard quand elle sera là. Après, elle sera peut-être différente et moindre, mais, à nous encore de nous réinventer. 

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